L’infant Dom Henrique de Avis avait le goût de l’aventure. Il naît en 1394 dans un Portugal troublé: depuis plusieurs décennies déjà, le pays est la proie de violentes attaques perpétrées par les pirates de Barbarie depuis le port marocain de Ceuta et ses compatriotes, réduits à la sujétion, sont vendus sur le marché aux esclaves africain. Henrique, surnommé plus tard Henri le Navigateur, décide de prendre les choses en main en lançant un raid audacieux sur le port en 1415. Il en sort triomphant.
Ceuta aujourd’hui
Fort de cette victoire, le jeune Henrique porte ses ambitions plus loin. Il commissionne des navigateurs portugais pour explorer la côte ouest de l’Afrique et l’île de Madère, jusqu’à l’archipel des Açores. La construction de l’Empire européen est en marche et la langue portugaise commence son tour du monde.
Sept siècles plus tard, les empires européens ont disparu, mais leur héritage continue de marquer le paysage linguistique mondial. Première langue à voir quitté l’Europe, le portugais se profile aujourd’hui comme une langue incontournable du 21ème siècle. Aujourd’hui comme hier, l’essor du portugais est plus que jamais lié au commerce.
Le nouvel empire portugais
Les minéraux et le pétrole comptent parmi les principaux produits d’exportation de l’Afrique lusophone et quiconque espère toucher sa part du gâteau a tout intérêt à se mettre au portugais. Largement alimentée par la deuxième plus grande réserve de pétrole du continent, l’économie angolaise connaît l’une des plus croissances les plus rapides au monde.
Dans la capitale Luanda, parler anglais ne suffit pas. La ville s’épanouit enfin au lendemain de la guerre d’indépendance et d’une guerre civile longue et douloureuse (la machette est toujours présente sur le drapeau national). Alors que l’infrastructure se développe rapidement et qu’un nombre croissant d’expatriés confère à la ville un statut international, la maîtrise du portugais est devenu un atout de taille.
Pour Alex, employé d’une grande entreprise de fret maritime, le portugais est essentiel pour travailler dans le secteur du tourisme, du transport et de la logistique au sein du monde lusophone. Les hauts dirigeants des entreprises d’import/export parlent anglais, certes, mais « si vous vous adressez à des personnes moins qualifiées sur place, il est important de parler la langue du pays. » Il identifie également un fossé générationnel : les jeunes de moins de 40 ans ont plus de chance de parler anglais que leurs collègues plus âgés. Mais même les responsables multilingues « se sentent plus à l’aise lorsqu’ils peuvent s’exprimer dans leur langue… lors des négociations, vous partez déjà avec un avantage. »
Contrairement à l’Angola, le Mozambique n’a pas de machette sur son drapeau, mais un fusil d’assaut AK-47 et une baïonnette. Les analystes s’attendent à l’émergence du Mozambique comme important pays exportateur de charbon et de gaz naturel. Si le Mozambique, depuis 1992 et la fin de la guerre civile, connaît une croissance fulgurante à l’instar de celle observée en Angola, ce développement accéléré se fait nécessairement dans un cadre quelque peu chaotique. Dans ce contexte, une maîtrise de la langue nationale, celle de vos interlocuteurs du domaine privé comme institutionnel, est d’autant plus impérative.
Les habitants de l’Angola et du Mozambique (ou même de Guinée-Bissau et du Cap Vert) n’ont pas tous le portugais comme langue première, mais le portugais est la langue dominante des affaires et la langue de communication commune aux différentes communautés locales.
Jean-Pierre Conus, vice président d’INNSECO SA, travaille avec l’Angola depuis plus de 15 ans et a vécu 7 ans à Luanda. Avant de partir pour l’Angola, il parlait déjà espagnol et pensait pouvoir se débrouiller sans prendre de cours de portugais. Avec le recul, il parle d’une « grossière erreur » qui lui a valu de parler un « horrible Portuñol », à mi-chemin entre les deux langues. « Fort de cette expérience, et en tant que responsable, je veille à ce que mon personnel ait toutes les cartes en main pour aborder le travail dans un environnement lusophone de façon sereine et les séjours linguistiques en immersion sont sans aucun doute la formule la plus efficace en termes d’apprentissage accéléré. ».
Suite au récent recrutement d’un collaborateur chargé de travailler sur un projet en lien avec l’Angola, INNESCO a organisé un cours de portugais de 4 semaines à Lisbonne par l’intermédiaire d’ESL – Séjours linguistiques. « Aujourd’hui, il est possible d’envoyer un membre de son équipe étudier à l’étranger à temps partiel pendant quelques semaines tout en restant en contact avec lui. » déclare Jean-Pierre.
L’élève modèle
Si les anciennes colonies portugaises d’Afrique ont besoin d’un modèle à suivre, il leur suffit de regarder vers l’ouest en direction du Brésil… où le drapeau national célèbre « Ordem e Progresso » (l’ordre et le progrès), et non les armes révolutionnaires.
L’une des plus grandes nations au monde, et l’une des plus gâtées par la nature, le Brésil a connu quelques périodes difficiles mais est finalement parvenu à s’imposer parmi les grandes puissances économiques mondiales au sein des organes décisionnels internationaux. Il est difficile de passer à côté de la croissance économique remarquable du Brésil ces dernières décennies.
Pendant la majeure partie du 20ème siècle, le Brésil était perçu comme un lieu de divertissements : un pays célèbre pour sa musique, son football et son mode de vie séduisant. Tout en conservant tous ces « fondamentaux » culturels, le pays a récemment décidé de prendre les choses plus au sérieux. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la fermeté de la présidente Rousseff dans sa volonté d’éradiquer la corruption et de développer des infrastructures performantes dans le pays.
Les manifestations de rue qui se tiennent régulièrement dans les grandes villes brésiliennes sont signe de progrès, non de régression : les gens se sentent en droit de réclamer un gouvernement efficace, à la hauteur de la croissance économique du pays.
Le Brésil du 21ème siècle regorge d’opportunités pour les travailleurs étrangers et les investisseurs, mais il est indispensable de parler portugais pour en profiter. Plus de 80% de la population lusophone mondiale vit au Brésil.
Selon Alexandra Borges de Sousa, directrice de CIAL Centro de Linguas à Lisbonne, la majorité des étudiants qui suivent une formation en portugais des affaires sont des « cadres ayant pour projet de s’installer et de travailler dans un pays lusophone. » L’école a dû recruter des professeurs venus du Brésil afin de satisfaire une demande croissante pour le portugais brésilien.
Mais la demande est bien plus large : « il y a beaucoup d’organisations humanitaires internationales qui œuvrent dans les pays africains de langue portugaise et beaucoup d’employés de ces organismes viennent prendre des cours chez nous ». L’école propose des cours ciblés sur la santé publique, l’industrie halieutique, le gouvernement et les institutions publiques, la diplomatie et les assurances.
La douce sonorité de l’opportunité
Aussi qualifiée de « douce et gracieuse langue » par Cervantès, le portugais paraîtra familier aux oreilles des locuteurs d’autres langues latines. Ne vous souciez pas trop des différences entre portugais d’Europe, portugais d’Amérique Latine et portugais d’Afrique : si ces langues présentent quelques petites différences de vocabulaire et de prononciation, la grammaire et la majorité des mots qui composent leur lexique sont identiques.
Pour Alexandra, « l’importance croissante du portugais au niveau international » au cours des dernières années a contribué à élargir le profil des étudiants en portugais. « Récemment, nous avons vu beaucoup de jeunes (18-23 ans) se mettre au portugais parce qu’ils considèrent que c’est une langue « cool » ou un bon investissement pour leur futur. »
Il semble que Jean-Pierre d’INNESCO ait pris, lui aussi, le portugais très à cœur. Bien qu’il se soit mis au portugais par nécessité, il dit avoir été rapidement séduit par la beauté de la langue et par la grande richesse culturelle du monde lusophone ». Il considère aujourd’hui le portugais comme sa langue de cœur.
Nous sommes convaincus que le meilleur moyen d’apprendre le portugais est de s’immerger dans la langue, que ce soit au Portugal ou chez l’un de nos partenaires au Brésil. Une chose est sûre : la langue portugaise ne cesse de gagner en importance et pourra s’avérer un atout précieux pour votre carrière.
Images: Ceuta desde Monte Hacho de Victor Fernandez Salinas via CC, Besøk hos FMC i Angola de Utenriksdepartementet UD via CC, Carnaval 2010 Governador Jaques Wagner e a ministra Dilma Rousseff no Camarote Campo Grande de GOVBAvia CC.
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